Urologie : coelioscopie et chirurgie robotique : développer le don d'organes à partir de donneurs vivants ?

=> Le Professeur Clément-Claude Abbou, chef du service d'urologie à l'hôpital Henri-Mondor, Créteil, explique le passage de la chirurgie invasive à la chirurgie mini-invasive. Pour lire son article, cliquer ici.

=> Qu'est ce que la chirurgie "laparoscopique", la chirurgie "coelioscopique" et la chirurgie robotique ? En savoir plus...

=> Suite à mon article : Prélèvement d'un rein sur donneur vivant en chirurgie mini invasive, du 7 juin 2005, j'ai posé la semaine dernière à quelques chefs du service d'urologie des Hôpitaux Publics (AP-HP) les questions suivantes :

- Quelle est l'importance de l'activité de prélèvement d'un rein sur donneur vivant pour votre hôpital ? Le prélèvement est-il essentiellement effectué à l'aide des nouvelles technologies en chirurgie mini-invasive, c'est-à-dire à l'aide de la chirurgie robotique ?

[Pour rappel, la chirurgie mini-invasive, pour le prélèvement d'un rein sur donneur vivant, permet au donneur de bénéficier d'une opération laissant moins de cicatrices, pour un temps de récupération plus court et moins de douleurs post-opératoires].

- Le prélèvement d'organe (rein) sur donneur vivant en vue de transplantation est-il un mode de prélèvement que vous souhaitez voir se développer, ou préférez-vous privilégier le prélèvement de reins sur donneur en état de mort encéphalique ?

==> La réponse du Professeur Benoît Barrou, spécialiste de la transplantation rénale au CHU de la Pitié-Salpêtrière (Paris) :

"Pour ce qui est du donneur vivant, activité que le Docteur Christophe Vaessen, département d'urologie, urologie et robotique chirurgicale, et moi-même assumons ensemble, cela représente en fonction des années entre 12 et 20% des transplantations. Notre objectif est d'être régulièrement à 20-25%. Pour le moment les prélèvements sont réalisés "à ciel ouvert" [avec les méthodes de la chirurgie traditionnelle invasive] mais nous nous préparons à introduire la coelioscopie et peut-être la chirurgie robotique mais cela n'est pas encore formellement programmé".

==> La réponse du Docteur Christophe Vaessen, département d'urologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, responsable du programme de chirurgie robotique (mini-invasive) :

"Voici quelques renseignements concernant notre activité de chirurgie robotique à la Pitié-Salpêtrière. J’ai commencé ce programme il y a un an, après une expérience importante en chirurgie laparoscopique, dont environ 200 prostatectomies (ablation de la prostate, traitement chirurgical du cancer de la prostate) en coelioscopie dite 'classique'. Nous avons réalisé plus de 30 interventions dont environ 20 prostatectomies radicales. Ceci représente pour l’instant une journée opératoire par semaine. La majorité des prostatectomies restent réalisées en laparoscopie classique. Notre volonté est de développer cette activité et de réaliser la majorité des prostatectomies radicales et des jonctions pyélo-urétérales avec l’aide du système de chirurgie assistée par ordinateur (système de chirurgie robotique) da vinci™.

Pour ce qui est du prélèvement d'un rein sur donneurs vivants, j’avais développé la voie laparoscopique lorsque j’étais au CHU Rangueil à Toulouse. Nous devrions débuter d’ici peu le prélèvement laparoscopique à la Pitié-Salpêtrière. Ayant une bonne expérience en coelioscopie standard pour le prélèvement rénal, je ne privilégie pas pour l’instant l’utilisation du système de chirurgie assistée par ordinateur da vinci™.

Dans ce cadre, un des problèmes reste la durée d’ischémie chaude significativement plus longue dans les séries de prélèvements en chirurgie robotique, en comparaison avec la chirurgie coelioscopique 'classique', et le rôle important laissé à l’aide opératoire notamment pour l’agrafage des vaisseaux".
[NB : l'ischémie est l'interruption de l'irrigation sanguine d'un organe.]

Pour plus d'information sur la conservation des organes, cliquer ici.

"En normothermie (37 °C) I’interruption de la vascularisation d’un organe (ischemie) entame la nécrose cellulaire rapide. L’ischemie chaude, lorsque l’organe n'est plus perfusé par le sang du donneur mais n'est pas encore réfrigéré, est une periode très mal tolérée et ne doit pas dépasser quelques minutes. La protection des organes contre les lestons dues a l’ischémie chaude repose sur la réfrigération, car la diminution de la température des tissus entraîne un effondrement de leurs besoins énergétiques (les besoins en O2 à 5°C sont a 5 pour cent de leur valeur a 37°C). L’ischemie en hypothermie ou ischemie froide dure depuis le lavage réfrigérant de l’organe jusqu’a sa reperfusion chez le receveur. Elle ne stoppe pas totalement le métabolisme cellulaire, mais ralentit les vitesses des réactions enzymatiques et retarde la mort cellulaire". Professeur Didier Houssin, directeur de la politique médicale à l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, in : "Traité de Médecine", 3ème édition, éd. Flammarion, septembre 1996. Auteurs : D. HOUSSIN ET F. FILIPPONI.

Aucun commentaire: