La Téléchirurgie : conférence du 26 mai 2005

"La téléchirurgie" : Etre opéré par un robot à distance.
Conférence du jeudi 26 mai à Paris.

"Une telle invention, baptisée Opération Lindbergh, a déjà eu lieu récemment lors de l'ablation d'une vésicule biliaire chez une patiente à Strasbourg alors que le chirurgien se trouvait à New York. Ce n'est, en fait, que la prolongation logique de la téléassistance opératoire qu'offrent les moyens de télécommunication actuels. Comment le praticien manipule-t-il le 'robot', comment le 'toucher' des instruments lui est-il restitué et comment les problèmes de retard inhérents à la transmission sont-ils compensés ? Plus de précision pour le chirurgien? Oui, par les différentes échelles de démultiplication du geste chirurgical, par une navigation en stéréo-vision magnifiée et en 3D, par le débrayage des bras du robot et par l'élimination des fins tremblements parasites par l'ordinateur qui s'interpose entre les mains du praticien et les instruments articulés. L'opérateur, confortablement assis à la console dans une position ergonomique, à distance de son patient, totalement immergé dans le champ opératoire, manipule des joysticks...ceci lui permet d'effectuer une chirurgie complexe tout en restant mini-invasif, en évitant des larges incisions traumatiques pour le malade."

Conférence animée par Henri-Pierre Penel, de La Recherche, avec :

  • Docteur Nicolas Bonnet, chirurgien, service de Chirurgie Thoracique et Cardiovasculaire, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière
  • Docteur Adrian Lobontiu, chirurgien, service de Développement Clinique Chirurgie Robotique et Téléchirurgie, Intuitive Surgical Europe.

Musée des arts et métiers
60, rue Réaumur – 75003 Paris

La conférence a été retransmise en direct dans les autres centres du Cnam, mais il y a eu un problème de transmission des vidéos présentées par les intervenants. L'enregistrement de la conférence devrait être disponible d'ici 2 à 3 semaines sur le site du Musée des arts et métiers .

=> Télécharger le compte rendu de la conférence du 26 mai 2005 : cliquer ici.

=> Conférence du 21 mars 2002 :
"L'ingénieur au service du médecin", dans le cadre de l'Exposition au Musée des Arts et Métiers : "Evolutions, révolutions médicales. Destins d'internes".
Télécharger le compte rendu.

=> Télécharger la thèse : Compensation des mouvements physiologiques en chirurgie robotisée par commande prédictive

Résumé de la thèse :

"Il existe aujourd'hui de nombreux systèmes robotiques commerciaux pour l'assistance au geste chirurgical. Les interventions d'orthopédie, de neurologie, de chirurgie laparoscopique ou cardiaque peuvent désormais être assistées par des systèmes mécaniques et informatiques. Depuis les premiers robots d'aide au geste chirurgical dérivés des robots industriels, aux robots actuels, l'objectif est de développer des systèmes d'aide aux gestes médicaux et chirurgicaux qui apportent des bénéfices importants au chirurgien et au patient. Dans ce contexte, ce travail de thèse s'intéresse plus particulièrement à l'aide au geste chirurgical en chirurgie mini-invasive robotisée. La problématique abordée est de permettre à un robot chirurgical de compenser mécaniquement les mouvements physiologiques de l'organe ou du tissu opéré, afin de proposer au chirurgien une zone de travail virtuellement immobile. En effet, ces mouvements sont des perturbations pour le chirurgien qui télé-manipule un robot, car il doit les compenser lui-même à chaque fois qu'une tâche précise est requise à la surface d'un organe ou d'un tissu, en les accompagnant manuellement quand c'est possible. Ceci limite aujourd'hui le développement, entre autres, des opérations à coeur battant. L'objectif est de proposer un système de commande qui permette au robot de se déplacer de façon synchronisée avec l'organe et d'accompagner ainsi son mouvement. Ce travail se restreint aux mouvements physiologiques dus à la respiration et aux battements du coeur. Ceux-ci sont périodiques avec une période qui ne varie pas pendant l'intervention. Le principe utilisé pour commander le déplacement du robot est celui de l'asservissement visuel direct rapide, où les images d'une caméra d'observation endoscopique sont traitées en temps réel, avec une cadence d'asservissement jusqu'à 500 images par seconde. Le robot est commandé à l'aide de lois de commande prédictives dans lesquelles des modèles internes simples du robot et des mouvements à filtrer sont inclus. Les développements présentés dans cette thèse sont illustrés par deux ensembles de résultats, pour la compensation des mouvements respiratoires du foie d'une part, et le suivi du coeur battant d'autre part. Des dispositifs expérimentaux ont été mis en place autour d'un robot médical Aesop (Computer Motion, USA) et un prototype de robot chirurgical de la société Sinters de Toulouse. Des expériences de laboratoire et des tests in vivo en conditions chirurgicales réelles ont été réalisés."

Lire la suite...

Chirurgie robotique : quelles spécialités ?

La chirurgie assistée par ordinateur, pour les opérations en endoscopie sur organes mous, se développe actuellement dans un contexte multidisciplinaire.
Quel est plus précisément ce contexte ?

On va voir que le système n'offre pas les mêmes avantages pour toutes les spécialités.

Précisons tout d'abord qu'il s'agit d'utiliser le système de chirurgie assistée par ordinateur da Vinci™ en chirurgie cardiaque, digestive (générale), pédiatrique, urologique et vasculaire.

Des essais sont actuellement en cours aux USA pour une utilisation du système en ORL.

A l'heure actuelle, le système a quatre bras opérationnels à 100% : 3 bras pour tenir les instruments de chirurgie endoscopique et un bras pour la caméra.



Pour quelles spécialités est-il le plus utilisé ? Actuellement, c'est sans doute pour les opérations de prostatectomie radicale (en chirurgie urologique) qu'il apporte le plus de bénéfice, à la fois pour le chirurgien et pour le patient.
Les opérations en chirurgie cardiaque - essentiellement le pontage simple et le pontage double à coeur battant - requièrent une grande habileté de la part du chirurgien, et une courbe d'apprentissage assez longue : le coeur battant de manière irrégulière, il est très difficile pour le système informatisé du da Vinci™ d'en offrir une image stable. En d'autres termes : la stabilisation de l'image informatique du coeur à opérer est un véritable challenge !

Les utilisateurs du système en chirurgie cardiaque tendent à juger cette stabilisation de l'image comme perfectible.

Le stabilisateur, sorte de pince utilisée pour les opérations en mini-invasif à coeur battant, et dont le rôle est de maintenir le coeur battant sur lequel le chirurgien opère, a pour but de compenser ce défaut de manque de stabilisation de l'image informatisée. A l'heure actuelle, ce stabilisateur, l'Octopus® TE fourni par la société Medtronic®, est parfaitement opérationnel.

Présentation de l'Octopus® TE par la société Medtronic® : cliquer ici.

NDT : TE = Totally Endoscopic = totalement endoscopique. Cette mention indique que l'instrument est utilisé uniquement en mini-invasif, donc pour les procédures en chirurgie à coeur battant, et non dans le cadre de thoracotomies (chirurgie traditionnelle, dite : "à ciel ouvert"): pour opérer en chirurgie cardiaque à coeur arrêté (avec le CEC, système de circulation extra corporelle).

La situation actuelle reflète un niveau de recherches abouties pour le système da Vinci™ en chirurgie urologique. La chirurgie digestive assistée par ordinateur continue à se développer et à offrir de réels avantages pour le chirurgien et pour le patient par rapport à la chirurgie mini-invasive traditionnelle (la coelioscopie), mais elle reste très onéreuse, d'où la nécessisté d'un usage pluridisciplinaire des systèmes de chirurgie assistée par ordinateur déjà installés dans les hôpitaux et cliniques de France.

Quant à la chirurgie cardiaque assistée par ordinateur et ses spectaculaires pontages à coeur battant (sans l'utilisation du système de Circulation Extra Corporelle qui gère durant les opérations à coeur arrêté le maintien des fonctions du bloc coeur-poumons), elle passionne l'opinion publique et les chirurgiens spécialisés en chirurgie cardiaque !! Mais elle demande encore à évoluer, et ne peut que bénéficier d'une utilisation pluridisciplinaire du système da Vinci™.

Cliquer ici pour en savoir plus sur l'utilisation du système da Vinci™ .

Cas (=opérations) effectués le plus fréquemment en chirurgie urologique :
• Prostatectomies radicales
• Pyéloplasties
• Cystectomies

Lire la suite...

Robotic surgery: how does it work ?

Source :
The Robot Will See You Now
In Sunnyvale, Intuitive Surgical is piecing together the robot surgeon of the future :

A News by By Gary Singh (2004):

"TUBES, intricate robotic parts and medical machinery fill the room as I sneak a glimpse from outside. The door is open, but I'm not allowed to go in. A funny odor somewhere between formaldehyde and soap floats out of the room. Off in the back of Intuitive Surgical's air-conditioned Sunnyvale offices, the room connects to another room, also off-limits to the public. Inside, doctors are training on the da Vinci robotic surgical system, although I can't see what they're up to.

Intuitive hopes to revolutionize the process of Minimally Invasive Surgery (MIS).
Their plan of attack: have a robot perform operations.



In conventional MIS, the surgeon manipulates a long skinny camera called a laparoscope and a few other chopsticklike instruments that are stuck through tiny incisions in the body. The instruments basically serve as pivot points; in order to move the scalpel down, the doctor has to move the instrument up and vice-versa. And since the surgeon watches the piped-in video on a monitor, the entire process is difficult and counterintuitive. Physicians must go through special training to perform this kind of operation.

Named after famed artist and scientist Leonardo da Vinci, who laid out plans for the first robot, Intuitive's robotic system works like this: The doctor sits at an ergonomically designed console, almost like a sit-down arcade game from the 1980s, and remotely operates three skinny cylindrical robotic arms that perform the surgery with minute scissors, clamps and other proprietary EndoWrist instruments.

The robotic arms pierce the patient's body through tiny dime-size incisions the doctors make by hand. As if playing castanets, the surgeon uses his wrists, thumbs and forefingers to control the instruments on the ends of the robotic arms. Wires connect the console to the robot, the base of which rises up from the floor and spreads out over the operating table like a giant metal spider.

The surgical arms themselves then spring from the base and can be manipulated into just about every possible position or angle. A foot pedal controls a camera that shoots back high-quality video, giving the doctor an enlarged 3-D view—almost like being inside the patient himself. The entire system allows the surgeon to grasp, graft and clamp with more precision and more detail than was previously possible.

As the surgeon twists the controls, the robot's instruments twist exactly the same way, giving the doctor a natural and precise hand-eye coordination. The video is also transmitted to a huge monitor, allowing the rest of the surgical team to see how the operation is proceeding.

Since the da Vinci System is not autonomous and independent, you can't call it a true "robot" per se. It doesn't really have a mind of its own. The doctor runs all the controls. It's not like C3PO is donning hospital whites and operating on a living human. It's a master/slave situation, with the surgeon as the master.

The $1.5 million system is starting to pop up in all sorts of places. It made a cameo appearance in the last James Bond flick, Die Another Day, and a modified version also shows up for eight seconds in The Stepford Wives. Just recently, the surgical robot appeared on The Today Show. And you have to admit that the term "RoboSurgeon" absolutely has a ring to it. Igor and Dr. Frankenstein would be proud.

That's the Future

With the da Vinci system, doctors can perform coronary-bypass surgery without having to crack open the chest and use a heart-lung machine to circulate the blood and oxygen—one of the main problems of cardiac surgery.

Due to the reduced invasion of the body, patients tend to recover much more quickly. As a result, the cost can be reduced dramatically. Folks undergo heart surgery and can return to work a few weeks later. There's much less trauma after the fact—and no huge ugly scars. There's nowhere near as much blood loss or infection.

Fawaz Khanachet, a construction project manager for Alameda County, underwent a prostatectomy with the da Vinci System and was out of the hospital in fewer than 48 hours. He went back to work two weeks after the surgery.

"The recovery was relatively quick", he recalls. "There was very little discomfort when I got home".

Any surgery is both patient- and procedure-specific. There are no absolute guarantees. According to the summer 2003 issue of Intuitive's aptly titled newsletter, Robotic Surgeons Quarterly, 193 patients underwent a minimally invasive robotic procedure between October 2000 and November 2002 at one particular hospital in Italy. Three of them didn't make it.

But that's not necessarily a bad statistic. A number of issues contribute to overall mortality rates in various kinds of surgery—patient history, patient-to-nurse ratios and the type of surgery being performed, to name but a few—and various studies have shown mortality rates range from 1 percent to about 6 percent in general.

Remember that one story about a doctor accidentally leaving his wristwatch inside a patients' body? Well, that isn't supposed to happen with the da Vinci system. Gaping incisions are no longer necessary. And surprisingly, patients don't seem to mind going beneath the robotic tools.

"I thought when I first started using this robot on people that there would be a lot of hesitancy about it," says Dr. Barry Gardiner of the San Ramon Regional Medical Center. "Contrary to what I expected, it's been very, very seldom that we've had a patient express a concern about being operated on with this device. The patients look at it, and they hear the surgeons explaining to them that it enhances their surgical capabilities, it enhances dexterity and flexibility and control and vision, rather than negatively impacting it. It positively impacts it. So most patients have no problem being operated on. In general, the patients have received it very, very well, and that has not been an issue."

Khanachet felt the system was very advanced and even futuristic. "I thought, 10, 20, years from now, everything will be done with the aid of robots and robotic instruments," he says. "I did not have very much reservations about it. I thought, 'That's the future, and it's now.'"

Failing Safely

Just the idea of a robot operating on a human might give some surgeons a case of either the jitters or ruffled professional feathers. Many doctors are proud of their skills and feel they just don't need a contraption to perform an operation they can already perform themselves. Plus, at $1.5 million, one has to wonder if the machine is cost effective or not.

Pediatric surgeon Thomas M. Krummel of Stanford Hospital negotiated the purchase of a da Vinci System and, along with his partner, Craig Albanese, was the first one there to use it.

He wouldn't comment for sure whether or not it was worth the price. "I think it depends on how you define 'worth the price,'" he ventures. "There are some institutions who want to be on the leading or, you might even say the bleeding edge, and I think it makes sense for those institutions to use, study and evaluate new technologies. Or those that run a very small practice that doesn't have a lot of cases that need a robot, [then it] probably doesn't make sense. I think it's all about selection."

Skepticism is justified, primarily for safety concerns. One has to wonder what would happen should the machine break down during an operation. Is there a backup? What would the patient's chances for recovery be?

"The system is very robust at failure," explains Dave Rose, Intuitive Surgical's senior director of Robotic Systems Marketing. "If it fails, it fails safely."

I'll have to take his word for it, as several safety precautions are indeed built into the system. To cite just one example, the system features motion-scaling technology to filter out any shakiness of the surgeon's hands. This is accomplished by requiring the physician to move his hand around 10 times farther than he normally would to perform a stitch or a suture. His movement is scaled down, so the tip of the instrument moves proportionately 1/10 as much as the doctor's hands do.

"If you're trying to do a very precise movement, in which you're moving only 1 millimeter, holding that kind of precision with your hand is quite complicated," says Pablo Garcia, a senior research scientist at SRI International, who works with technology on which the da Vinci System is based.

"It requires a lot of dexterity," he explains. "If you scale the movement, you can do a 10-millimeter movement with your hand and end up with only a small displacement on the robot side. It's like changing the scaling in the mouse on your computer. You can do a finer control, where a small movement on the pad results in a big movement on the screen, or the opposite, like in this case, where a big movement on the pad results in a small movement on the cursor. That's the idea."

Garcia says that we all have a natural tremor in our hands, and it can be viewed under a microscope. Since it's a precise frequency, the robot can filter it out. "When you filter it through the robot, you don't notice any vibration at all," he explains.

So if the doc had a little too much coffee that morning, the robot will compensate for it.

Paul Lilagan, a product manager and clinical engineer at Intuitive, adds that a full redundant safety system is a major component: "In each joint, there are sensors that record the position of those joints. And the system checks that positioning over 1,300 times a second just to make sure that the position between the two redundant sensors is correct. It monitors all the motors that drive all the different parts, the wrists, and everything else ... to make sure they're functioning properly. And all the electronic boards that drive the entire system are also constantly being monitored. Along with the system network, there's a second safety network that's monitoring whether everything's working right."

So no worries, he appears to be saying. The robotic arm won't snap off inside your body.

"The FDA approval process is enormously focused on mechanical safety and security associated with using the device," Krummel continues. "We've never had any mechanical problem whatsoever."

Gardiner also says that he has performed almost a thousand operations with the system and witnessed only two mechanical failures. "One time, the system went down just as we were finishing the operation, so it wasn't an issue," he explains. "The other time it just wouldn't boot up, so we never even got started with the operation. So there's never been an issue that affected or impacted patient care in any way, as far as I'm aware of."

If there exists any sort of mechanical problem, the machine won't even boot up. The safety network will prevent it from going forward with the startup process. If something does go wrong, repair technicians are only a phone call away, and tech-support junkies likewise staff the phones round the clock.

Off to the Races

Local MDs Fred Moll and John Freund, along with electrical engineer and Hewlett-Packard manager Robert Younge, founded Intuitive Surgical in December 1995 in Sunnyvale. The da Vinci system can be traced back to Phillip Green's original work at SRI in the late 1980s. Green originally received a grant from the National Institute of Health to design prototypes for future models of computer-assisted laparoscopic surgery.

Moll originally checked out one of the prototypes at SRI in 1995 and then hooked up with Younge and Freund to start the company. Intuitive Surgical licensed the basic patents from SRI, added some of its own proprietary technologies and collaborated with IBM, MIT and other groups. As a result, they led the way to the first commercial form of robotic-assisted surgery.

"Like a lot of these things, you need a champion behind it," Garcia tells me. "Fred Moll was the surgeon who got interested in the technology. [He] thought it had a lot of potential and got investors interested as well."

The first systems were used in Europe; after FDA approval, the machines were allowed in America. In August 1999, the first system in the United States was installed at Ohio State University. The IPO hit home in June of 2000 with 5 million shares, and Intuitive was off to the races. There are now more than 200 Vinci Systems around the globe in various academic and community hospital settings, including Stanford Hospital, Alta Bates Hospital in Oakland and Washington Towneship Hospital in Fremont.

In March of 2003, Intuitive Surgical ranked 31st in the Silicon Valley/San Jose Business Journal's 50 fastest-growing public companies. For the first quarter of 2004, its profits increased 41 percent from a year ago, and the company now has more than 300 employees.

Intuitive also recently bought out its major competitor, ComputerMotion, the manufacturer of the Zeus robotic surgery machine. Zeus' hardware was fundamentally similar, but unlike the da Vinci system, the surgeon sat opposite a vertical screen, as opposed to da Vinci's immersive monitors embedded in the eyepieces of the visor port. The da Vinci System also has an extra degree of freedom in the hand controllers.

The system is not without drawbacks, however. Its $1.5 million price tag puts it completely out of the reach of most hospitals. "It's got a long way to go," Moll explained at the American College of Surgeons' annual meeting in October of 2001. "It's too big. It's too expensive. It doesn't have all the tools surgeons need."

Garcia agrees. "It's still just the Formula One version," he says. "They need to get to the passenger Toyota car that everybody can use."

Krummel concurs that the machine is too overwhelming. "If you're operating on 6-pound babies, it's a pretty big device," he said.

I, Robot Doc

Over in the lobby of Intuitive's glossy headquarters, a promo video at the front desk shows the da Vinci System performing surgery, definitely not footage for weak stomachs. Press clippings from around the globe grace the walls as you waltz down the hallway from the lobby to the demonstration room. You feel like you're at the worldwide center of medical innovation, in some strange mad-scientist sort of way.

And speaking of mad scientists, sitting down at the da Vinci System's console has a pure godlike vibe. It's like being in sole charge of a seven-figure pair of pliers.

You also just can't ignore the B-movie aura about the whole thing. At the console, you feel like Vincent Price playing organ in The Abominable Dr. Phibes. The automated domestic assistants in I, Robot come to mind immediately. And you can easily picture a scene where the robot suddenly comes alive and starts operating on you instead.

All horror aside, surgeons from all over the country come to Intuitive's headquarters to train on the machine. Sometimes they even practice on cadavers with fake blood—the medical equivalent of flight simulation.

Ever wanted to pretend like you're in the operating room suturing or sewing stitches? This is the place. Looking into the console's eyepiece at a close-up view of the EndoWrist instruments, it really feels like you're able to shrink your hands and put them in places they'd never ordinarily fit.

Which is word for word how Gardiner described the process in a Time magazine article on June 4, 2001. Gardiner was one the key players in the original design of the da Vinci System, and he collaborated with the original founders and engineers. He even relocated his practice to San Ramon just to start its robotic surgery program, and his machine was the first one west of the Mississippi.

"It's a device that we initially designed to provide the surgeons with the technical capabilities that they had with open surgeries that they lost when the laparoscope came into being," he says. "The laparoscope, although it had an advantage of limiting the size of the incisions, it also limited the surgeon's visibility because they had a two-dimensional image. It limited flexibility and dexterity because you're operating with a long-shafted instrument that is rigid and had no articulation in it. So what we tried to do was return those aspects of surgery back into the laparoscopic arena that you couldn't do with conventional laparoscopy. And the way that was done was by basically introducing a computer between the end of the instrument and the surgeon's hands."

Long-Distance Checkups

Looking to the future, Lilagan explains that Intuitive is always seeking to add additional clinical capabilities to the system: "Recently, we've added a fourth arm to the system, which actually now provides the surgeon sitting at the console to have control of an extra hand, which would normally be—either in a laparoscopic case or an open case—the assistant's hand. We're trying to give more control to the console surgeon to be able do his surgery. ...We're really just across the board trying to figure out where we can add value to the surgery."

SRI also conducted research for the Defense Department on how to use robots to remotely operate on soldiers in the battlefield, and Garcia says remote surgery has already been performed in Canada. So one can also imagine someday seeing a doctor in San Francisco assisting on surgery in Tokyo. Or when astronauts finally make it to Mars, a surgeon might need to remotely operate on them should they get injured.

But this is all still years away, as the speed of communication channels just isn't there yet. The lag time between the surgeon's movements and the actual remote robot's maneuvering on Mars is still significant over long-distance connections, so we probably won't see such scenarios until decades down the road.

Lilagan says Intuitive is aware of these directions, but they are not necessarily a focus. There are many obstacles to overcome that aren't under Intuitive's control, and he says the company is taking a much smaller-step approach to advancing the technology. "[For telesurgery] we would need to have a fiber-optic lead and we need to know which surgeon would be held responsible for the surgery, and there's legal matters. ...That really is farther down the line, and the rate [at which we get there] is going to be dependent on other technology."

Garcia says the technology for remote surgery is definitely here, but SRI's adds that research is geared more toward widening the robot's availability.

"It's more a matter of whether the market really needs remote applications or not," he explains. "I would say a lot of the research is going towards making smaller tools, making them capable, more dexterous, making the whole robot smaller, cheaper, easier to set up, friendlier, so that it doesn't require as much overhead to operate. ...That's where a lot of the focus is, on finding surgeries where [the robot] really has a benefit. For example, an area we're looking more into is pediatric, neonatal, fetal surgery, areas of surgery that traditionally have been very difficult for surgeons to perform, where there are still a very limited number of procedures, but still have a lot of potential."

Krummel agrees that the robot will eventually become smaller: "One-quarter the size and a fraction of the cost would make it broadly applicable. We have an active robotics research program that is trying to sort out how such things might be built into or used to scale down the device."

In the end, because of or despite the B-movie mad-scientist aspect of it all, even children get a kick out of test-driving the da Vinci System.

'When we have people come in with their kids, and the kids sit down with the machine, they're not thinking about all the stuff behind it," Lilagan said. "It's just play. And some of the surgeons look at it that way too. It's fun. Overall the main goal is just to do better surgery.'"



More information about Intuitive Surgical: please click here.

Lire la suite...

Chirurgie de l'obésité : la gastroplastie - Bariatric Surgery

La gastroplastie est le nom donné à l'intervention chirurgicale visant à traiter l'obésité.

NB: Cette opération peut se faire par la chirurgie robotique. Il s'agit de poser un anneau gastrique.

Une fois cet anneau posé, le patient devra veiller à ne jamais engloutir d'importantes quantités de nourriture : les conséquences seraient très graves et mettraient sa vie en jeu ! Les obèses boulimiques qui décident de subir cette opération chirurgicale prennent ainsi une décision radicale : après l'opération, le traitement contre la boulimie (suivi psychologique, etc.) passera ou cassera ! Et si ça casse, tant pis pour le patient...En Europe, certains chirurgiens refusent de pratiquer ce genre d'intervention.



Aux USA, certains hôpitaux américains ont pu être sauvés de la faillite grâce à cette mine d'or que représente le traitement chirurgical de l'obésité par l'anneau gastrique. Les bénéfices (spectaculaires !) dégagés par cette activité ont permis à ces hôpitaux d'alimenter des budgets carrément anémiés, comme ceux des urgences,
en procédant à une redistribution salvatrice. Un mal pour un bien ?

Understanding Bariatric Surgery:
Gastric Bypass Roux-en-Y:

"According to the American Society for Bariatric Surgery (ASBS) and the National Institutes of Health (NIH), Roux-en-Y gastric bypass is the current gold standard procedure for weight loss surgery. It is also one of the most frequently performed weight loss procedures in the United States.

Gastric Bypass Roux-en-Y reduces the capacity of the stomach by creating a smaller stomach pouch. The small space holds only one ounce of fluid. The procedure also constructs a tiny stomach outlet, which slows the speed food leaves your stomach. So you will feel full after eating a small amount and you will stay satisfied for a long time.

Here's how it works:
Staples are used to create a small (15 to 20cc) stomach pouch.

The rest of the stomach is not removed, but is stapled completely shut and divided from the stomach pouch.

The newly formed pouch empties directly into the lower portion of the intestine--bypassing calorie absorption.

The small intestine is divided just beyond the duodenum, brought up, and connected to the newly formed stomach pouch.

The other end is connected into the side of the pouch limb of the intestine (creating the "Y" shape that gives the technique its name).

Advantages of the Gastric Bypass Roux-en-Y Procedure:
Average excess weight loss is usually higher than with purely restrictive procedures.

One year after surgery, weight loss can average 77% of excess body weight. After 10 to 14 years, some patients have maintained 50-60% of excess body weight loss.

96% of certain associated health conditions (back pain, sleep apnea, high blood pressure, diabetes and depression) were improved or resolved according to a 2000 study of 500 patients.

Risks Specific to the Gastric Bypass Roux-en-Y Procedure:
"Dumping syndrome" When stomach contents are literally "dumped" rapidly into the small intestine. Sometimes triggered by too much sugar or large amounts of food. Dumping syndrome doesn't pose a health risk, but its symptoms aren't fun: nausea, weakness, sweating, faintness, and diarrhea. Some patients can prevent dumping syndrome by avoiding sweets after surgery.

Up to 20% of patients need follow-up operations to correct problems like hernias.

Up to 30% of patients develop gallstones after losing weight. You can reduce the risk of gallstones by taking bile salts for 6 months following surgery.

Leakage of the connection between the pouch and the intestine. This is very rare, but potentially dangerous.

Diminished effectiveness. The success of the procedure can be reduced if the stomach pouch is stretched and/or left larger than 15-30cc (1/2 to one ounce).

Poor views of internal organs. The bypassed portion of the stomach, duodenum, and segments of the small intestine are difficult to see using X-ray or endoscopy. This only becomes a problem if the patient develops ulcers, bleeding, or malignancy. Gastric bypass does not cause cancer.
Nutrient deficiencies: Almost a third of patients develop nutritional deficiencies because the duodenum is bypassed in this procedure. So the body doesn't absorb iron, calcium and other nutrients efficiently after surgery. Fortunately, these deficiencies can usually be controlled with proper diet and vitamin supplements.

Iron deficiency anemia. Because the duodenum is bypassed in this procedure, the body doesn't absorb iron and calcium very well after surgery, which can lead to iron deficiency anemia. This is a particular concern for patients who experience chronic blood loss during menstruation or from bleeding hemorrhoids.

Osteoporosis. Because the body doesn't absorb calcium properly after surgery, there is a greater risk of developing osteoporosis.

Metabolic bone disease. Also caused by bypassing the duodenum, some patients experience bone pain, loss of height, humped back and fractures of the ribs and hip bones.

Chronic anemia. A type of anemia caused by a deficiency of vitamin B12. Can usually be managed with pills or injections."
Read more about it !...

Lire la suite...

Chirurgie robotique : "le geste qui a traversé l'Atlantique", ou : "Opération Lindbergh"

L’opération à longue distance a été mise en application à la fin des années 90, lorsqu’un chirurgien a opéré de New York une patiente qui se trouvait au CHU de Strasbourg. Le cas pratiqué était une vésicule biliaire. Cette opération, baptisée «Opération Lindbergh», a constitué une première mondiale en télé chirurgie. Le communiqué de presse explique l’intérêt technologique du «geste qui a traversé l’Atlantique».

==> Le chirurgien à New York, la patiente à Strasbourg
(Septembre 2001)
"C’est une première mondiale et hautement symbolique à l’heure où les attentats de New York et Washington ont renforcé les liens franco-américains. Le 7 septembre, un chirurgien a opéré depuis New York une patiente de 68 ans qui se trouvait à Strasbourg.

Prouesse technologique

'Cette prouesse technologique a été rendue possible grâce à la robotique et surtout grâce à une transmission à haut débit, rapide et de qualité constante, qui a permis d'opérer en toute sécurité', a indiqué le professeur Jacques Marescaux, qui a opéré depuis New York, avec son équipe de l'Ircad (Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif).

A New York, le chirurgien manipulait les bras d'un robot, nommé Zeus et conçu par Computer Motion, spécialiste de la robotique chirurgicale de pointe, pour opérer en direct la patiente hospitalisée au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Strasbourg. 'C'est la maîtrise de la qualité et des délais de transmission liés à la distance qui a permis cette véritable première dans l'histoire de la chirurgie', selon le chirurgien. 'Cette performance, on la doit aux ingénieurs de France Telecom qui ont atteint un tel niveau de technicité en matière de rapidité de transmission et de compression des données qu'ils ont franchi des limites jusque là inégalées', dit-il. 'On a opéré avec des délais de 130 millisecondes quasiment imperceptibles à l'œil', précise-t-il.

Une pratique d’avenir

Ce délai entre le geste du chirurgien et le retour d'image sur son écran englobe l'aller-retour New York-Strasbourg, soit quelque 15.000 km, ainsi que les temps de codage et décodage de la vidéo et de transmission du signal. Pour l’occasion, France Telecom a mis en place un système haut débit (10 mégabits/seconde) par fibre optique et relié les équipements nécessaires (caméra, robot, visio-conférence, téléphone). L'opération, qui a duré 54 minutes, a consisté à enlever la vésicule biliaire de la patiente sans ouvrir l'abdomen. Il s'agit d'une procédure de chirurgie mini-invasive (acte chirurgical guidé par l'introduction d'une caméra sans ouvrir l'abdomen ou le thorax). Cette téléchirurgie à grande distance a été baptisée 'opération Lindbergh', en mémoire de l'exploit de l'aviateur Charles Lindbergh, qui a traversé l'Atlantique en 1927, en solitaire.

'On peut envisager à l'avenir un partage du geste chirurgical où tout chirurgien expert pourra participer et aider à une opération qui se déroulera n'importe où sur le globe', s'enthousiasme le Pr Marescaux. 'Dans quelques années, le robot, dont le prix est encore d'un million de dollars (plus de 7 millions de F, NDLR), fera partie d'un bloc opératoire comme n'importe quel appareil', prédit ce spécialiste".

Source :
TF1-LCI Sciences
http://news.tf1.fr/news/sciences/2001/

Lire la suite...

Chirurgie robotique et imagerie médicale

L’article de l’Expansion du 18 décembre 2002 montre que les progrès de la chirurgie robotique passent par l’imagerie médicale :

"L'Institut de recherche contre le cancer de l'appareil digestif (Ircad), l'institut strasbourgeois du Pr Marescaux, travaille à la mise au point d'un logiciel modélisant le patient en trois dimensions à partir des données d'un scanner ou de l'imagerie par résonance magnétique (IRM). Ce clone numérique servira au chirurgien pour répéter les gestes à effectuer, jusqu'à atteindre la perfection opératoire. Il enregistrera une « partition » qui sera ensuite exécutée par le robot. L'équipe médicale suivra le déroulement du « film » grâce à un système de « réalité augmentée », superposant les images de la simulation et celles de la caméra, pour voir jusqu'aux vaisseaux irriguant les organes. Selon le Pr Marescaux, le rôle du chirurgien ne sera pas moins dénaturé que celui du pilote d'avion qui s'entraîne sur un simulateur et utilise un système d'atterrissage automatisé."

Lire la suite...

Highlighting the da Vinci™ surgical system

Which procedures are being performed with the system? What are the advantages for Patient and Surgeon? What are the prospects of the da Vinci™ surgical system?
Here is the answer to these questions, summarized in just a few pages:
(Word Doc.).

==> Source:
IntuitiveSurgical.com

Lire la suite...

Le système chirurgical da Vinci™

Voici quelques images du système de chirurgie assistée par ordinateur
da Vinci™ et quelques précisions pour en apprendre un peu plus...

==> Télécharger la présentation (PowerPoint).

NB: Cette présentation date de 2002.

==> Pour visualiser les instruments utilisés actuellement, cliquer ici.

==> Pour une description en anglais du système de chirurgie assistée par ordinateur da Vinci™ , cliquer ici.

Sources :
Intuitive Surgical
.

Lire la suite...

Where to find a hospital with a da Vinci™ surgical system in the USA? Présence internationale du système chirurgical da Vinci™

Combien d'hôpitaux français et étrangers possèdent un système de chirurgie assistée par ordinateur da Vinci™ ?

Pour une vue globale de la situation en 2002, cliquer ici.

To get an overview of the situation in 2002, click here.

NB: depuis 2002, d'autres systèmes ont été acquis par des hôpitaux et cliniques du monde entier. Certains hopitaux ou cliniques possèdent plusieurs systèmes.
Please note that since 2002, other da Vinci™ surgical systems have been installed in clinics and hospitals worldwide.

NOM ET ADRESSE DES HOPITAUX ET CLINIQUES DANS LA MONDE EQUIPES D'UN SYSTEME DE CHIRURGIE ASSISTEE PAR ORDINATEUR da Vinci™ :
=> cliquer ici

NAME AND ADDRESS OF HOSPITALS AND CLINICS EQUIPPED WITH A da Vinci™ SURGICAL SYSTEM (WORLDWIDE):
==> click here

=> daVinciProstatectomy.com

=> Le système da Vinci™ à la Clinique Saint-Augustin à Bordeaux.

==> DaVinciProstatectomy.com

Source:
Intuitive Surgical Inc.

Lire la suite...

The da Vinci™ surgical system helps you "Die Another Day"!...

Hi-Tech Robot Gives Surgeons a Hand, but...wait a minute. You may have already seen this system in action. In the James Bond film "Die Another Day," which hit movie screens in 2002, the da Vinci™ Surgical System landed an unlikely supporting role. In one of the earliest scenes, at St. Mary's Hospital in London, the machine scans Bond's body...(read more).




"Imperial College's involvement came about in January when Professor Ara Darzi, professor of surgery at the faculty of medicine's academic surgical unit at the St Mary's campus, collaborated with Eon Productions over featuring the Da Vinci machine, the first minimal access system to eliminate tremor in a surgeon's hand, in a early scene.

The robot's three arms can be seen early in the film scanning Bond's body and taking a blood sample. Production designer Peter Lamont and art director Mark Harris spent time at St Mary's Hospital, London, learning about the machine's ingenuity as they practised sewing stitches, picking up balls and putting them in boxes - standard practice for those learning how to operate with the machine.

'I'd seen the Da Vinci™ on Tomorrow's World and in Time magazine. It's an amazing machine for non-invasive surgery and I thought we'd have to make a mock-up. I was delighted when we found it at St Mary's,' said Peter, who originally wanted to be a surgeon before he won a scholarship to art school and went on to work on 17 Bonds. In 1997, he won an Oscar for Titanic.

[...]Sarah Robinson, product placement coordinator, said of Da Vinci's role in medicine: 'Both the producers and director thought this machine was fantastic; it's a very important part of the film'.

'It's very difficult to keep up with technology - we have to be one step ahead and try and come up with great new products which is where the Da Vinci came in. It was also incredible to see St Mary's hospital - we had a great day. We were definitely in awe of the work carried out there - our world is fantasy whereas St Mary's is real - we don't save lives.'

Professor Darzi has been fascinated with Bond films since very young. 'Surgeons and spies are alike as both aspire to serve their subjects with minimal fuss while using the best technologies around. Bond films have always been an inspiration to those with a technology interest, ' he said.

'I never thought that one day, the department I headed would be making a contribution. It's great that Imperial College's knowhow has made it to the movie screen'."

Article by Tanya Reed

Sources:

=> University of Kentucky: "Remote-Control Surgery: Hi-Tech Robot Gives Surgeons a Hand", by Jeff Worley, updated June 6, 2005.

=> Newspaper of Imperial College London, Issue 123, November 13, 2002.

Lire la suite...

Des chirurgiens et des robots :


JOB et le PHARISIEN :

Un Pharisien (de la ville de Pharis) allant sur des béquilles le long de Montraison rencontre Job cheminant, malade, sur la route de Saint-Désir. Ils en sont les premiers étonnés : quoi, c’est ici et maintenant, le croisement entre Montraison et Saint-Désir ? Ils s’examinent de loin sans beaucoup d’indulgence réciproque en cet endroit où la lumière tient lieu de multitude. Job en oublie ses “Pourquoi” adressés à Dieu et les adresse mentalement au Pharisien contre lequel il sent sourdre en lui le vin de la révolte. Quoi, il va falloir se croiser (chacun veut continuer sa route). Job se dit qu’avec cette brève rencontre - ô parabolique ironie - l’autre va trouver quelque réconfort : un peu de vin. Lui, qui a moins que rien, il va encore falloir qu’il donne comme en offrande à ce Pharisien un peu de ce moins que rien. Enfin ça, c’est lui qui le dit. Pour l’autre, un verre de ce vin honnête, après ce long chemin, vaut son pesant d’or. Donc, ils vont se croiser. Allons, ce n’est pas si terrible que ça. Qu’est-ce, un carrefour, en comparaison de la croix que porte Job - celle qu’il ne pourrait jamais, fût-il le plus madré des marchands, vendre à un Pharisien, même pour quelques deniers. Cette croix dont il ne se séparerait pas pour tout l’or du monde. Un petit croisement, a-t-on dit ? Mais c’est qu’il commence à sacrément s’élargir dans l’espace et dans le temps, ce petit croisement-là. C’est connu, dès qu’on parle d’argent, qu’on en ait ou non, les choses prennent tout de suite une autre dimension.
Bon, supposons que le passage de ce carrefour ne soit pas une mince affaire. Ni pour l’un, ni pour l’autre. Dans les quelques mètres qui précèdent ce croisement, l’un comme l’autre raffermissent leur allure. L’un va sur ses béquilles comme s’il s’agissait d’être porté par les tuteurs de la Raison (Savoir et Prospérité) en personne, tandis que Job semble ne plus toucher terre, comme porté par deux ailes. On dirait qu’il est épaulé par Nostre Miséricorde et Sainte-Gloire faits hommes. Ils vous ont cet air d’être tout droit sortis de l’Ancien Testament. Mais plus ils se rapprochent l’un de l’autre, plus leur allure s’humanise aux yeux du témoin de cette scène.
Moins figés, moins symboliques, mais n’est-ce pas là qu’ils vont prendre leur sens le plus biblique. Toujours au regard de ce témoin. On devine qu’il se pourrait bien qu’ils vivent cette scène sans échanger un mot. Alors, ce serait dommage, n’est-ce pas. Et cette scène, elle ne va pas être racontée par l’opération du Saint-Esprit. Présence bien humaine, donc, d’un tiers dont la parole sera esprit de communion, et non rage de la communication.
D’abord confondus avec leur segment de route respectif, à les regarder au loin progresser ainsi, ils semblèrent, plus ils se rapprochaient l’un de l’autre, en émerger, prendre corps directement à partir de ce paysage - plus exactement à partir de la lumière de ce paysage. Ils n’allaient pas se croiser idéalement, mais dans la réalité. Le témoin précise, car il se pourrait qu’arrivé à ce point de l’histoire, un lecteur s’exclame : “C’est aussi beau qu’irrémédiable !”.

Déshabiller Pierre pour habiller Paul, ou une rencontre inespérée entre Job et le Pharisien ?

Eté 2002, Ecole Européenne de Chirurgie, au cœur du Quartier Latin à Paris. J’assiste à une « démo » en chirurgie robotique. En salle de dissection, qui ne comptait ce jour là que des âmes vives, quelques chirurgiens s’exercent, en manipulant deux « joysticks », sortes de commandes manuelles du robot chirurgical da Vinci™. Ces « joysticks » commandent des instruments chirurgicaux situés au bout de deux bras mécaniques, à distance de la console où est assis le chirurgien. Celui-ci a le visage penché vers un écran en 3D et manipule les « joysticks » tout en regardant ce qui se passe à l’écran. Les instruments, pourtant situés à quelques mètres de la console, sont commandés par les mains du chirurgien sur les « joysticks ». Ceux qui observent la scène voient les instruments chirurgicaux, tenus par les bras du « robot », en train d’opérer sur de petits éléments du « training kit ». Ce dernier est censé imiter la texture de certains organes humains. On dirait un mini terrain de jeux pour enfants en maternelle, en matière caoutchouteuse aux couleurs vives.

Les exclamations fusent. Certains chirurgiens seniors (chefs de service ?) lâchent, du haut de leurs ans : « C’est comme au tennis de table ! », tout en donnant du poignet à petits coups secs et raides lorsqu’ils manipulent les « joysticks ». Ils regardent autour d’eux en quêtant les rires du public (collègues et infirmières) – visiblement ils sont venus pour pique-niquer (bbbrrr ! il ne ferait pas bon être opéré avec eux aux commandes du « robot » !). Oubliées leurs longues heures d’étude en salle de dissection, pour le moment ils singent leurs petits-fils en pleine action sur leur Gameboy. Car pour eux c’est ce qu’on leur présente : un nouveau jeu pour grands enfants, made in Disneyland. Tantôt ils fouettent l’air au dessus du « kit de training », tantôt ils le massacrent. Vu ce qu’ils font subir à ce pauvre caoutchouc, je n’aimerais pas être à la place des organes opérés ! Quelques jeunes infirmières s’essaient timidement : « Comme c’est facile ! ». Elles piquent, cousent avec précision : de vraies « petites mains » de couturière de chez Dior ! On croirait entendre le caoutchouc soupirer de soulagement.

Un peu à l’écart, quelques chirurgiens de l’AP-HP conversent à bâtons rompus. Je me joins à l’un de ces groupes. Parmi eux, un « Chir. digestif », comme on dit dans notre jargon, au sein du service des ventes, dans notre boîte californienne de matériel de chirurgie robotique, pour désigner les prospects et clients, selon leur spécialité : GYN (épeler chaque lettre en anglais, désigne la gynécologie), urologie, cardiaque, pédiatrique… C’est de pédiatrique que l’on parle, justement.

Le « Chir. » de l’AP-HP raconte : « C’était la nuit du 24 décembre, Noël il y a 10 ans, mais je m’en rappelle comme si c’était hier. Depuis, à chaque Noël, je me repasse le film. »
Il poursuit : « Un petit garçon de 8 ans. On venait de le perdre sur la table d’opération. On annonce le décès aux parents, on leur demande s’ils permettent qu’on prélève les organes de leur petit garçon. Il faut qu’ils prennent leur décision très rapidement. C’est oui. On retourne au bloc, on pose ailleurs le doudou que le petit tient encore dans ses bras, et on ouvre. Je peux vous dire que tout le monde présent, les toubibs, les infirmières … (il poursuit en mimant de ses deux index le tracé des larmes coulant de ses yeux à ses joues) ». Et cela continue, ses souvenirs coulent en de longs et discrets sanglots, interrompus pour mieux reprendre, atteignant ceux qui écoutent comme un coup de poing à l’estomac. Tout le monde autour a en effet le souffle coupé. Pourtant, ce qu’il confesse là, c’est connu : un prélèvement d’organes. Un process règlementé, dont la médecine est fière. Le point d’orgue du progrès de la médecine. Comme la chirurgie robotique. Alors pourquoi ce regard traqué, cette voix honteuse, ces doutes qu’il cloue irrémédiablement aux quatre coins des murs qui ont des oreilles, les miennes en l’occurrence ??

Je repense au Directeur Commercial de ma boîte de chirurgie robotique : Affalé derrière son bureau enterré sous des piles d’e-mails imprimés (des printouts, dans notre jargon de start-up californienne), tasses à café vides et sales, gants chirurgicaux (il y a même un ou deux scalpels qui dépassent des papiers), et tout ce que je ne vois pas (attention : ce type est dangereux !!!), il me lance : «Qu’est ce que vous croyez ? Depuis notre première présentation, il y a cinq ans, ils rigolent toujours, à Foch ! Morts de rire, les gars !».

Se reportant cinq ans en arrière, il poursuit, très Dir. Com. made in USA à la conquête des marchés européens :

«On a fait une dizaine de cas en chirurgie cardiaque avec le robot chirurgical. Tous les patients sont morts, mais on continue les essais cliniques. Le système de chirurgie assisté par ordinateur coûte 1.200.000 EUR, plus les instruments. » Il ajoute, comme en voix off de son discours commercial d’il y a cinq ans à l’Hôpital Foch : « Ouais, ils rigolent encore !».

Certes, cinq ans après ces débuts ingrats, quelque 10.000 cas ont été effectués, dans cinq spécialités chirurgicales, et les statistiques indiquent que le taux de mortalité opératoire n’est pas plus élevé en chirurgie robotique qu’en chirurgie traditionnelle. Bien sûr on ne peut pas encore faire en chirurgie robotique tout ce qu’on fait en chirurgie traditionnelle, mais on progresse… de marquage CE en marquage FDA, à moins que ce ne soit de marquage FDA en marquage CE, afin d’autoriser les instruments et les procédures en Europe et aux USA…

Je tente de suivre, mais je suis à la ramasse… Le milieu hospitalier institutionnel français et ses dédales kafkaïens de règlementations normées et codées ont bien du mal à suivre les cadences imposées par la FDA. D’ailleurs, le dédale kafkaïen, qui ne connaît aucun antécédent en matière de chirurgie robotique, refuse de suivre, il se cabre et voilà que cela tire à hue et à dia entre les «approbations » CE et FDA ! Dommage pour moi, je suis au milieu ! Voilà pourquoi il est indiqué sur mes cartes de visite que je suis la « Coordinatrice des Ventes » de notre société de chirurgie robotique : je me fais reprocher mon inconsistance par le milieu hospitalier institutionnel français, tandis que côté américain, ils disent que les Français sont de sacrés coupeurs de cheveux en quatre ! Considérant avec perplexité une de ces satanées cartes de visite mentionnant mon rôle de « Coordinatrice », je visualise l’expression idiomatique en anglais : « se pencher en avant en arrière », « to bend over backwards ». A la place de « Coordinatrice », je ferais volontiers imprimer : « En avant avec les Américains, en arrière avec les Français ! », ou encore : « Je suis comme le bon dieu ou le sucre dans le café au lait : partout et nulle part à la fois !».

Dans le métro, en route pour mon domicile, je navigue entre l’histoire du prélèvement d’organes sur le petit garçon de 8 ans et celle des développements de la chirurgie robotique résumée par mon boss affalé derrière son bureau. Le visage du progrès médical n’est pas aussi lisse qu’on voudrait nous le faire croire… Pourquoi ces chirurgiens chevronnés sont-ils encore bouleversés par la mort d’un enfant 10 ans après ? Quels regrets, quels doutes les hantent ?

Un peu plus tard, il se trouve que j’écris au Professeur David Khayat, chef de service du département d’oncologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, au sujet de son livre :
« Le Coffre aux âmes », XO Editions (paru en 2002) :

Que contient la boîte de Pandore d’un grand hôpital New-Yorkais à la pointe de la technologie ? En ouvrant cette boîte, David Khayat nous révèle les arcanes majeurs et mineurs des plus grands services d’hématopédiatrie et d’obstétrique au monde, à St Thomas Hospital, New York.

On s’attend à voir les démons de la science et les dieux ou demi-dieux de la religion s’entre-tuer, le Bon Dieu tirer le diable par la queue, « un thriller médical haletant », genre mystique.
A St Thomas Hospital, un toubib et sa femme se transforment en Orphée et Eurydice, un chef de service mondialement réputé en bonze tibétain pour le meilleur et pour le pire. Entre un médecin qui vendrait son âme aux diables de la réincarnation (son âme, donc celle des autres) pour vous guérir, et un autre qui accompagne, soulage et guérit sans outrepasser les limites du progrès technique, médical et humain contemporain, ne seriez-vous pas un tout petit peu tenté(e) de choisir le premier ? Si c’est le cas, ouvrez donc la boîte de Pandore, celle du « Coffre aux Ames ».

Un homme de science s’empare de la religion et des mythes indo-européens comme un dictateur le ferait du pouvoir lors d’un coup d’Etat. Le chef du service d’hématologie pédiatrique de l’Hôpital Saint-Thomas, après un séjour dans un monastère secret sur les pentes de l’Himalaya, se transforme en machine infernale à sauver pour venger la mort des deux êtres qui lui étaient les plus chers.
« Meurs et deviens ». Tandis que la Mort Bleue, ou Syndrome de Steiner, sévit dans le service d’obstétrique, des enfants leucémiques condamnés à une mort imminente sont mystérieusement sauvés in-extemis dans le service voisin, celui d’hématopédiatrie. Un couloir sépare les deux services.

Le Docteur Lévine, jeune interne ayant travaillé dans les deux services et autant de dettes envers les morts (son meilleur ami) qu’envers les vivants (sa femme), va devoir élucider le mystère de la Mort Bleue. Le Centre for Disease Control de New York, le gardien du Coffre des Ames, les religions judéo-chrétiennes, le médecin « qui est là pour vous guérir, quels qu’en soient les risques, quel qu’en soit le prix »…entrez dans la prestigieuse Fondation Greenspan dont les chefs de service sont les grands prix de l’Académie Nationale, et voyez comme ils ont charge d’âmes.

Avoir charge d’âme, c’est déshabiller Pierre pour habiller Paul, ou faut-il espérer une rencontre inouïe entre Job et le Pharisien ?

Aujourd’hui, comme chaque lundi depuis au moins trois ans, conférence téléphonique avec la maison mère, située dans la Silicon Valley californienne. Et comme toujours revient LA question :
[La maison mère] : « - Combien de systèmes prévoyez-vous de vendre ce trimestre ? Nous, on en a vendu 10 sur tout le territoire US le trimestre dernier. On compte faire encore mieux ce trimestre».
[L’Europe, baptisée : ROW : Rest of the World] : “- Des trois ventes prévues, aucune ne s’est réalisée, l’une d’elle est reportée d’au moins 6 mois, l’autre est annulée, la troisième nécessite un montage financier complexe qui prendra du temps»
[La maison mère] : « - Combien de temps ?»
[ROW] : « -…»
Sur ce, le VP Sales de la maison mère nous sort un joke américain pur sucre.
A ce point du conference call, on a en général le choix entre trois alternatives :

- si pas de système à 1.200.000 € vendu ce trimestre, vous êtes tous virés. Ca fait trop longtemps qu’on vous a avertis.
- on va vous envoyer nos gars des finances et du marketing pour réaliser un audit des opérations européennes.
- l’anecdote exemplaire illustrant la supériorité des Américains sur les Européens. La substantifique moëlle de cet axiome est régulièrement extraite lors des grand’messes en interne et autres worldwide sales meeting : « american technology is the best technology in the world ».

Cette fois-ci, ce sera l’anecdote :
[La maison mère] : « - Eh les gars, qu’est-ce que vous dites de ça ? Y a un chirurgien, il voulait le « robot » pour son service de chirurgie cardiaque, et l’administration de sa clinique a refusé de prendre en compte cette demande pour l’année à venir. Alors il a dit qu’il paierait lui même cash pour le « robot ». Il a été voir l’administration, il a sorti 1.200.000 USD de sa poche et il leur a demandé de commander le da Vinci™. »

Sous entendu : bon, vous avez de la chance, vous vous en tirez cette fois-ci parce qu’on est de bonne humeur, mais bougez-vous, ou on vous loupera pas la prochaine fois.

Mes patrons « ROW »sont de charmante humeur. Ca parle Q1, Q2, Q3 et Q4[1] à portes closes et farcies aux éclats de voix. Pendant ce temps, je sue sur mes tableaux croisés dynamiques, c’est-à-dire que le sablier à l’écran de mon ordinateur m’indique qu’il est en train de mouliner une base de données sur tableur XL avec l’application « Business Object » - que j’ai d’ailleurs fini par surnommer « Business Abject », parce que quand les équipes de la maison mère en Californie font des mises à jour sur Business Object, ils oublient d’effectuer les réglages adéquats pour la partie « ROW. ». A la suite de quoi je me retrouve « plantée » quand je veux mouliner mes données pour la mise à jour du reporting des cas en chirurgie robotique pour l’Europe, alias ROW. Cela m’arrive au moins un vendredi par mois, vers 19h30.

Heureusement qu’il y a les congrès et autres trade fair (foires commerciales ?!) pour me faire oublier ces tracasseries. Je me fais alors copieusement engueuler par les chirurgiens détracteurs de la chirurgie robotique – ils ont l’air d’être particulièrement nombreux en Allemagne ! « Mes patients se foutent de la cosmétique, madame ! Ce qu’ils veulent, c’est que je leur sauve la vie, qu’ils aient une petite cicatrice ou une grande balafre leur importe peu. Et il énonce : « Ce que vous faites là, c’est peine d’amour perdue! » en me lançant une œillade définitive, fin de non recevoir à ma déclaration d’amour intransitif.

Dans l’amphithéâtre où est retransmis en live un cas de chirurgie robotique en digestif, c’est presque l’émeute. Le public de la salle, composé de chirurgiens allemands pour la majorité, lance sur un ton excédé : « Ce qu’on nous montre ici va à l’encontre des règles de la chirurgie traditionnelle ! ». Le chirurgien qui pratique le cas digestif en live sur un patient si corpulent qu’à l’écran du système de chirurgie robotique, on est en plein fog londonien, face à ces assauts répétés, finit par accuser un très léger tremblement de la main et du sang jaillit soudain dans le fog londonien. Exclamations consternées du public : « Oohhh !!!».

Une chirurgienne renommée est en retard pour la session de démonstration et le training sur le système. Elle a pourtant requis cette formation auprès du Directeur de la Formation qui travaille pour la société de chirurgie robotique. Celui-ci est également un chirurgien chevronné. Au bout d’une heure d’attente, elle arrive en trombe et écarte d’un geste de la main les tentatives d’explications à peine amorcées par son collègue formateur. « - Pas le temps ! Je trouverai bien. C’est censé être intuitif, votre système de chirurgie robotique, non ? C’est ce qui est écrit dessus, on va voir si c’est vrai ». S’emparant des « joysticks », elle tranche alors d’un geste sec et définitif l’aorte du malheureux Henry qui servait de terrain d’essai.

Ah oui, il faut que je vous présente Henry : dans les laboratoires pharmaceutiques et autres sociétés qui fabriquent et commercialisent du matériel médical et chirurgical, on utilise une périphrase pour désigner les corps sans vie qui servent de terrain d'essai. On ne parle pas plus de cadavre que de la corde du pendu. Dans ma société, on dit un Henry pour désigner la personne dont on respecte une des dernières volontés : que son corps, une fois mort, serve aux expérimentations pour faire avancer la science.

[1] (N.d.t. : Q= quarter= trimestre)

Lire la suite...

Des chirurgiens et des robots (suite)


Octobre 2002, Ecole Européenne de Chirurgie, Paris.

Je dois assister à un workshop, en langage ROW cela signifie un atelier : il s’agit de faire des essais de clampage de l‘aorte, toujours avec l’aide de la chirurgie robotique, également appelée téléchirurgie ou encore chirurgie assistée par ordinateur. Si l’on parvenait à clamper l’aorte, cela permettrait d’éviter de courir le risque d’endommager, par exemple, les artères coronaires que l’on tente de revasculariser au moyen d’un stent, sorte de petit ressort que le cardiologue place dans l’artère pour la maintenir ouverte et éviter la re-sténose, c’est-à-dire une nouvelle obturation de l’artère.

Pour positionner ce stent dans l’artère, il faut placer un introducteur, puis un cathéter guide, le guide étant constitué d’un fil de fer. Le cardiologue introduit par cette voie un minuscule ballon. Lorsqu’il gonfle précautionneusement ce ballon, le stent, sorte de petit ressort, va se positionner pour maintenir l’artère ouverte. Ce procédé, bien que courant, est délicat, puisqu’il nécessite une introduction par voie veineuse. De même, le processus d’implantation d’un pacemaker nécessite une introduction par voie veineuse, pour le fil conducteur ou sonde d’entraînement (heureusement le boîtier du pacemaker n’est pas introduit par voie veineuse !)

Voici des informations sur les nouveaux stents : L'Express du 30/05/2005
Santé : Du ressort pour les artères

par Vincent Olivier

Implantés dans les vaisseaux obstrués, les nouveaux stents limitent le nombre de réinterventions chirurgicales

C'est un drôle de petit ressort, de quelques millimètres à peine. Son nom: le stent. Son champ thérapeutique: les maladies coronaires, qui entraînent près de 45 000 décès par an rien qu'en France. Son rôle: dilater un vaisseau obstrué. Son intérêt: éviter une intervention chirurgicale lourde, un pontage artériel par exemple. Mon tout donne un succès impressionnant puisqu'on implante, chaque année, plus d'un million de stents dans le monde. Et ce, même si une deuxième intervention s'avère nécessaire dans 20, voire 30% des cas.


A l'occasion d'un congrès scientifique qui s'est déroulé à Paris la semaine dernière, les médecins ont fait le point sur une nouvelle génération de stents, dits «enrobés». Arrivés sur le marché il y a quatre ans, ces ressorts sont recouverts d'un polymère dans lequel on a incorporé un principe actif issu de la recherche sur le cancer, le paclitaxel. Celui-ci se diffuse très lentement dans l'organisme et bloque l'épaississement de la paroi des artères. Ainsi, ces dernières se rebouchent beaucoup moins vite et le pourcentage de réintervention diminue considérablement: de 17,5 à 5,5%, selon une étude menée auprès de 4 000 patients et qui a été rendue publique lors du congrès. Pour le Pr Jean-Marc Lalande, chef du service d'angioplastie coronaire au CHU de Lille, pas de doute: malgré un coût (1 600 € pièce) quatre fois plus important que pour les stents classiques, les stents enrobés constituent bien «la voie de l'avenir».


Voir ici pour des informations complémentaires.

Autant de domaines de recherche pour la chirurgie «robotique» ou «assistée par ordinateur» : un système de clampage de l’aorte permettrait d’éviter la procédure du stent dans certains cas. Mais tout ceci est encore à l’essai : actuellement, les sociétés qui fabriquent les nouveaux stents marchent fort : Boston Scientific, par exemple, a fait un chiffre d'affaires de 5,6 milliards de dollars en 2004.

Sur le chemin du retour, en quittant l’atelier de clampage de l’aorte sur Henry, (en fait il y avait deux Henry : un homme et une femme), j’appelle les médecins et chirurgiens de ma famille : je ne suis pas peu fière de ce que je viens de voir et, surtout… je ne me suis pas évanouie à la vue des Henry’s disséqués, éventrés. Je peux donc témoigner du respect constant avec lequel les chirurgiens ont pratiqué leurs expérimentations sur ces corps sans vie.

Dans le métro, je revis mon deuxième jour au sein de cette start-up américaine : mon boss, le Directeur Commercial France- Benelux, qui parle anglais aussi bien que notre voisin le fermier à notre maison de campagne familiale située dans un hameau des Pyrénées, me dit : "Vous parlez l’allemand ? Ca tombe bien ! Il faut traduire en allemand le communiqué de presse qui vient de sortir, concernant la 1ère à cœur battant faite au CHU de Nancy !»
Devant mon air ébahi (l’introduction à ma thèse d’allemand portait sur Thomas Mann, «la Mort à Venise», cela ne m’aide pas précisément pour comprendre ce qui se joue ici, quoi que…), il se frappe la poitrine en faisant : «A cœur battant, boum, boum, boum»…L’air du bureau s’emplit alors de mots exotiques et anglais : «CABG = Coronary Artery Bypass Graft», «TECAB = Totally Endoscopic Coronary Artery Bypass», et les choses se compliquent encore (si c’était possible !!!) : on parle de «BH TECAB = beating heart TECAB», ce dernier terme désignant la même opération, mais à cœur battant : boum, boum, boum…

Quel est l’avantage pour un chirurgien cardiaque d’opérer à cœur battant ? C’est simple : cela évite de pratiquer une thoracotomie sur le patient, en écartant ses côtes. Le geste chirurgical se fait donc en mini invasif, c’est-à-dire que le patient, à son réveil, souffre bien moins et récupère plus vite. Et cela évite de pratiquer la circulation extracorporelle (la CEC) lors de l’opération, c’est-à-dire de devoir arrêter le cœur du patient pour pouvoir l’opérer.

Je ne sais pas si vous avez déjà assisté à une opération pendant laquelle la thoracotomie et la CEC sont pratiquées sur le patient, mais je peux vous dire que c’est assez violent !! Là encore, j’étais fière de ne pas avoir tourné de l’œil (je pense toujours à mes études : «La Mort à Venise», de Thomas Mann).

Encore une considération linguistique : ma collègue du Marketing m’accueille un matin en brandissant victorieusement un CD : «- Ca y est, on l’a !» : la couverture du CD montre un chirurgien assis à la console du da Vinci ™ tandis que figurent la phrase (en anglais, la langue de la technologie, et non en français, une des nombreuses sous langue ROW) : «Enfin ! La prostatectomie radicale endoscopique sans les limites de la chirurgie laparoscopique» et les noms de quatre sommités médicales de cliniques et hôpitaux français et allemands. La couverture du CD annonce qu’on va voir ces sommités opérer aux commandes du système. Une des vidéos du CD montre un chef de service urologue français renommé. Ses gestes sont d’une précision inouïe. Le processus de la prostatectomie radicale aux commandes du système da Vinci™ est expliquée en détail par le chirurgien qui opère, tandis que l’on voit le résultat des gestes à la console se matérialiser par l’action des instruments dans le corps du patient. Le chirurgien parle en anglais, aussi bien que notre voisin le fermier à notre maison de campagne (je ne vais pas vous la refaire). Cela donne : iou ték ze ouk (you take the hook, vous prenez le crochet) end wiz ze ouk, etc. etc, pendant un bon quart d’heure. Visiblement, il y a un décalage entre le professionnalisme abouti du film, la qualité parfaite du geste chirurgical, et la voix qui explique, rassemblant péniblement 50 mots d’anglais appris en SOS avec la méthode Assimil une semaine plus tôt (ou au lycée il y a 40 ans, ou un souvenir du dessin animé Disney Peter Pan, avec le Capitaine Crochet ?)

Les Américains ont dû partir du principe qu’en tout état de cause, on ne trouverait aucun chirurgien français utilisateur du système qui parle anglais (faux !!) et qu’il ne servirait à rien de doubler le malheureux qui parle anglais sous la torture, pas celle du patient, heureusement ! (faux !! Le décalage entre le son et l’image donne l’impression d’une mauvaise farce). Les Américains ont-ils voulu faire un Tex Avery à la Française ? Mais non, je suis bête : les Américains veulent faire du business.

Une des Chargé(e)s de Comptes de l’équipe des commerciaux en Allemagne, m’appelle pour me renseigner sur les cas (= les opérations) effectués cette semaine sur son «territoire» (= les hôpitaux qui constituent ses comptes). Et elle est actuellement en train d’aider pour un cas en pédiatrie à l’hôpital d’AAAAAAAAAAAAAHHHHHHH ! J’entends en bruit de fond, puis très vite en bruit principal un formidable hurlement – je finis par comprendre qu’il provient justement du chirurgien pédiatrique qui fait le cas en question : le chir est sorti en trombe du bloc et libère son stress à pleins poumons. Je crois que finalement, il vaut mieux que je retourne me coller à Business Abject. Après avoir raccroché, je souhaite mentalement bon courage à la Chargée de Comptes pour le cas de chirurgie robotique pédiatrique à (ooops, quel hôpital, au fait ?)

Zut, pour ne pas changer, le téléphone sonne pendant mon quart d’heure de pause déjeuner, il n’y a personne d’autre que moi pour répondre et j’ai la bouche pleine. Une voix fraîche, à l’accent très british, annonce :
«-Bonjour, ici Shirley, assistante de production. Je vous appelle du studio de production du prochain James Bond, à Londres». Tiens, la dernière fois, sur le même thème, j’ai eu comme interlocutrice une certaine Bridget, et avant encore – je ne sais plus. Nous allons devoir changer de date pour la mise à disposition par votre société du système de chirurgie robotique da Vinci™ dans nos studios pour le tournage de «Meurs un autre jour» («Die another day»). Encore !! Bien sûr : la logistique pour le dernier James Bond est aussi complexe que celle requise pour les chirurgiens. Bref, c’est ainsi que vous avez pu voir pendant une minute le système da Vinci™ dans le dernier James Bond. Son rôle : scanner des pieds à la tête le vrai, l’unique James Bond pour s’assurer qu’on n’a pas affaire à un imposteur. Mission accomplie ! Bien sûr, dans la réalité, ce n’est pas du tout ce que fait le système : il fait des opérations endoscopiques sur organes mous et creux - la neurochirurgie et l’orthopédie sont donc exclues de ses champs d’activité, je le signale au passage - mais que ne ferait-on pas pour James !

Aujourd’hui c’est lundi, jour du conference call. Comme d’hab., on fait le point sur les cas effectués en Europe la semaine écoulée, sur ceux qui doivent avoir lieu cette semaine, sur le business avec nos distributeurs (Italie, Arabie Saoudite, Suisse, Canada). On est entre nous (je veux dire : entre Européens), nous avons même le soleil de l’Italie en ligne, et les américains de la maison mère se joindront au conference call plus tard. Un des chargés de comptes (appelés aussi Clinical Specialists en interne) se joint à nous alors qu’il assiste à un cas qui n’est pas encore terminé. Il raconte : «-c’est un cas en chirurgie cardiaque. On a été obligés de convertir parce que le stabilisateur est parti en couille dans le corps du patient.» Je suis relativement nouvelle et toujours aussi béotienne en chirurgie cardiaque (rassurez-vous, je le suis restée !) Je ne comprends donc pas toutes les implications de ce récit. Mon boss, lui, les comprend très bien. Il devient blanc. Bon, je vous explique : «convertir», cela veut dire qu’on est obligé d’arrêter le système de chirurgie assistée par ordinateur pour revenir à un cas en chirurgie traditionnelle. On va donc opérer «à ciel ouvert» : c’est-à-dire pratiquer une thoracotomie et continuer l’intervention non plus en chirurgie endoscopique mini invasive, mais en chirurgie invasive traditionnelle. Il y a différentes raisons à cette «conversion» (cela peut venir de l’anatomie propre au patient, d’un conflit détecté par le système…) Quelle que soit la raison, elle est sans danger aucun et la «conversion» (le fait de «débrancher le système» et d’être à même de reprendre en chirurgie traditionnelle exactement là où on en était) prend moins d’une minute. Je comprends donc que le danger ne vient pas de la «conversion».
Le stabilisateur est un instrument utilisé dans les procédures de chirurgie cardiaque à cœur battant, donc toujours dans le contexte de chirurgie endoscopique assistée par ordinateur. Il est un peu comme une grande pince qui maintient le cœur qui continue à battre. Sauf que là, la pince s’est cassée en petits morceaux et se trouve dans le corps du patient, dans la région cardiaque. Le chirurgien doit extraire avec patience et minutie ces morceaux les uns après les autres, sans causer aucun dommage. Là, j’ai fini par comprendre le danger.

«-C’est comme recevoir une balle en plein cœur !» s’exclame mon boss, qui cette fois-ci a viré au rouge écarlate.

Notre spécialiste clinique nous entretient de la progression de ce cas. Il nous passe même quelques instants le chirurgien, qui nous explique sa progression dans l’extraction des morceaux du stabilisateur. Tout va bien, le patient est tiré d’affaire et l’opération a réussi. Jamais le chirurgien ne s’est départi de son calme olympien. Mais je commence à comprendre les hurlements du chirurgien pédiatrique allemand pour évacuer son stress.

Lire la suite...